Certains entretiens sont plus étranges que d’autres. Celui-là fait partie de ceux qui sortent de l’ordinaire.
Herault : Alors comment tu te sens à l’approche du tournoi?
Kalou: Euh…. mais tu le sais. Vu que tu es moi.
Hérault: Oui. Mais c’est pour les lecteurs, pas pour moi. D’autres archers ont joué le jeu alors tu fais un effort.
Kalou: OK. Mais c est bizarre. Alors pour moi c’est un peu spécial parce que je reprends la compétition après plusieurs années d’arbitrage. Un peu stressé mais aussi enthousiaste car j’ai pu me familiariser avec du nouveau matériel cette année et je suis assez content du résultat.
Hérault: Ca va te changer de plus faire le gratte-papier.
Kalou: Eh Oh! Reste poli
Hérault: Sinon quoi? Haha. Mais trêve de plaisanterie. C’est quoi ton objectif?
Kalou: J’aimerais surtout évaluer mon niveau par rapport aux autres concurrents qui ont beaucoup pratiqué ces dernières années. Ça m’aiderait à me situer et à identifier mes points faibles. J’espère aussi avoir un peu plus de temps libre pour profiter de l’ambiance du tournoi.
Hérault: Ouais, en fait tu vas surtout pour te détendre et papoter pendant que d’autres devront reprendre tes anciennes tâches, pas vrai?
Kalou: T’es gonflé quand même! Tu t’es pas permis ce genre de sous-entendu dans les autres interview. Malhonnête.
Hérault: Les autres je les connais pas aussi bien que je te connais toi. Commesi tu étais moi.
Kalou: C’est pas une raison.
Hérault: Oh que si. Faut bien rigoler. Bon dernière question. Comment tu compte convaincre les gens de venir assister au tournoi?
Kalou: C’est une question complexe qu’on se pose depuis de nombreuses années. Ce n’est guère un soucis de motiver les archers mais pour les autres c’est plus compliqué car cet événement semble de prime abord réservé aux connaisseurs. C’est comme les sports mécaniques, si on est pas pilote soit-même, pourquoi se déplacer pour aller voir une course?
Et bien pour répondre à cette question, il faut se la poser dans l’autre sens. Qu’est-ce qui fait de déplacer les foules aux courses de F1 ou de moto? Les émotions. L’ambiance et le partage entre les personnes présentes. L’occasion de revoir des gens qu’on ne croise que rarement et de prendre le temps de parler avec. Et puis il y a le plaisir de voir quelqu’un défendre nos couleurs dans une compétition super fair-play. J’ai toujours eu tellement d’angoisse (positive) en voyant un Garde du Mont-Gibloux en lice, avec toute sa concentration et son talent. Ça m’a donné envie d’être présent pour les soutenirs d’abord. Et aujourd’hui, j’ai envie de participer à leurs côtés.
Hérault: merci pour cet auto-interview des plus bizzare. Essaye de pas être éliminé au 1er tour.
L’archerie, il l’a dans la peau. Au propre comme au figuré. Gart est un ancien et prestigieux Garde du Mont-Gibloux et il se joint à nous pour cette édition 2024 afin de faire voler ses flèches jusqu’à la mouche.
Hérault: Salut Gart. Racontes-nous un peu ton parcours d’archer et qu’est-ce qui te donne envie de revenir en lice dans le tournoi.
Gart: Archer passionné depuis de nombreuses années, les tournois sont pour moi un merveilleux moment de rencontre et de partage de connaissances ! Et surtout de plaisir à lâcher des flèches contre des adversaires de plus en plus forts ce qui me motive à revenir les « défier » en toute camaraderie.
Hérault: Alors que tu étais membre de la Garde, tu as vécu quelques éditions avec un score plus qu’honorable. Pour ton retour entant que mercenaire, t’attends-tu à une performance équivalente?
Gart: Effectivement, j’ai fait de beaux scores et de belles places dans ces éditions et j’espère bien marquer mon retour avec une belle performance ! Mais je reste humble car mes entraînements restent minimes à l’heure actuelle ! Je vais le faire au talent comme on dit !
Hérault: Ce tournoi est très prisé des archers. Mais il peine à rassembler les medievistes qui ne pratiquent pas l’archerie.Comment ferais-tu pour les convaincre de venir assister à cette compétition ?
Gart: Qu’il faut montrer ces talents hors de l’archerie comme les démonstrations de combats, danses, musique, jeux ! C’est un moment de partage dans tout les domaines ! Moi j’ai toujours adoré quand des visiteurs, ne pratiquant pas l’archerie, animait le lieux pour le plaisir
Herault: Merci Gart. Ça fait un plaisir immense que de t’accueillir à nos côtés pour cette édition.
Le tournoi approche à grands pas et les entrainements s’enchaînent à un rythme effréné. De tous nos archers, Marc sera un des plus occupés. Ceci en raison de ses multiples casquettes dont il va nous parler.
Hérault: Plus que 2 mois avant le tournoi. Comment tu te sens sur le plan sportif?
Marc Chassot: Je me sens clairement sous-entraîné. On a dû annuler plusieurs séances à cause de la pluie et mes derniers scores sont lamentables avec en point d’orgue un 82 qui me ramène au niveau que j’avais en 2016-2017, quand je tirais avec un arc qui ressemblait plus à un bout de bois 😉
Hérault: J’imagine que le travail que donne l’organisation du tournoi est aussi conséquent. Rappelons que tu présides la Fédération qui en est chargée. Est-ce que ce rôle de Président change ta façon d’aborder cette compétition ?
Marc Chassot: Mon cas est effectivement un peu spécial parce que je porte de nombreuses casquettes. Je suis président de la FGCB et en tant que tel je dois m’assurer que le tournoi sera organisé dans les standards habituels : la perfection voir un peu plus. Au niveau de la Garde je suis le responsable des objets volants dont le tir à l’arc fait partie, je dois donc former et encadrer les Gardes qui vont participer au tournoi pour qu’un maximum d’entre eux aillent le plus loin possible dans le tableau final.Je suis également un Garde qui participe au TGCB. Je me dois donc de porter haut nos couleurs et éliminer amicalement mais fermement nos concurrents qui sont chaque année plus aguerris et précis. Finalement je suis un être humain avec ses contraintes et ses aspirations personnelles. Je vais donc porter successivement les casquettes mentionnées dans cet ordre. Si l’organisation du tournoi est sous contrôle je m’occuperai des autres Gardes puis de moi-même et finalement je passerai du temps, s’il en reste pour discuter avec les autres tireurs et les visiteurs.
Hérault: Alors le public sera prévenu. Tu seras pas toujours à disposition. Cela étant, pour que le public puisse te déranger, il faut déjà qu’il réponde présent. Quels seraient tes arguments les plus pertinents pour que les visiteurs répondent présents, même si l’archerie est encore un domaine à découvrir pour eux?
Marc Chassot: Le TGCB est un tournoi donc il y a de la rigeur dans l’organisation technique pour que ça se passe bien, par contre personne ne se prends trop au sérieux. Cet événement se veut convivial avant tout. Personne ne sera éliminé parce qu’il n’a pas entendu son nom à l’appel et a eu 32 secondes de retard pour se présenter à la ligne de tir. On privilégiera toujours l’intégration des gens qui veulent découvrir ce sport et on se passera bien volontiers des gens qui visent uniquement l’élitisme et l’égoïsme et sont venus pour démontrer qu’ils sont meilleurs que tout le monde. Aucun niveau particulier n’est requis pour participer au TGCB, juste l’envie de partager un bon moment en compagnie d’autres médiévistes et de lâcher quelques flèches en direction des cibles (toujours dans le respect des consignesde sécurité bien évidemment).
La Garde va envoyer bien des concurrents cette année. Et on vous les présente l’un après l’autre avec aujourd’hui Noël, un habitué du Tournoi et un adversaire redoutable.
Hérault: Salut Noël. Comment te sens-tu alors qu’il reste 2 mois de préparation avant le tournoi?
Noël: Aucun stress , je tire à l’arc pour le Plaisir . L’important pour moi est de partager du bon temps avec d’autres passionnés de tir à L’arc médiéval.
Hérault: Ce n’est pas ta première participation au tournoi. Mais sous les couleurs de la Garde oui. Est-ce que ça change ta façon d’aborder la compétition ?
Noël: A la dernière édition j ai fini 2ème . Je vais essayer de faire du mieux possible avec le peu d entraînement ( vu la météo peu propice cette année ) pour faire honneur à la garde mais toujours sans stress… Il faut garder le plaisir du partage .
Hérault: Il n’est pas toujours facile d’encourager le public à venir au tournoi. Qu’aimerais-tu leur dire pour leur donner envie?
Noël: Pour les membres de la Garde , venez nous soutenir par votre présence et passer un bon moment de convivialité. Et pour les autres médiévistes ou pas , venez découvrir le tir à l’arc médiéval dans une compétition bonne enfant et dans ambiance agréable . On vous attend tous!
Hérault : Autre chose?
Noël: J’aimerais remercier La Garde du Mont Gibloux de m’avoir accepté dans leur troupe.
Hérault: Nous sommes très contents de t’avoir avec nous. Et sous nos couleurs pour ce tournoi de haut niveau.
Pour cette 3eme Interview des Gardes qui seront en lice au Tournoi du Grand Cerf Blanc, intéressons-nous à Aurélie, fraîchement de retour à la compétition.
Hérault: Salut Aurélie. Comment te sens-tu alors qu’il reste 2 mois de préparation avant le tournoi?
Aurélie: Tout à fait zen! J’ai juste du plaisir à y participer et à retoucher mon arc qui prenait de la poussière.
Hérault: Si je me souviens bien, tu as déjà touché au sommet de la compétition par le passé. Et pourtant je sens que tu abordes ce retour sans pression aucune. Comment fais-tu ?
Aurélie : Hé oui, c’est vrai! C’était une période où je m’entrainais régulièrement 😉 Mais même si c’est agréable et gratifiant de gagner, ça n’a jamais été le plus important à mes yeux. Le côté amical et convivial l’emporte largement, c’est lui le grand gagnant du tournoi.
Hérault: Si tu devais convaincre quelqu’un qui ne connais pas le tournoi de venir y assister… tu lui dirais quoi?
Aurélie : Il y a toujours une belle ambiance et plein de personnes sympa! Qu’on soit tireur ou visiteur!
La Tour de la Molière est sise à Murist, près d’Estavayer-le-Lac.Nous devions à l’origine y aller il y’a quelques années, mais un facétieux virus en décida autrement.
Mais comme l’Association des Amis de La Tour de la Molière sont des gens tenaces, et bien nous aussi!
Dès l’annonce de l’événement, nous étions fébriles et impatients. Et puis ils nous ont dit « vous serez la seule troupe ».
Là on a moins rit. « Nous tous seuls?….. vous êtes sûrs? »
« Mais oui mais oui » dirent-ils en souriant.
Bon ben plus le choix. On recule pas. On a bien senti la pression quand même au moment des inscriptions en espérant avoir réussi à mobiliser les Gardes.
Et bien ce fut une réussite.
Et la promesse d’un week-end fort en animations, cuisines, frappe de monnaie, contes, et soleil…. ou presque. Sur ce dernier point, l’humour de la météo aura eu de la peine à se renouveler.
Oh quelle surprise! Ils annoncent de la pluie. Ha ha ha. Mort de rire.
Qu’importe moussaillons! La mise en place de la fête fut rapide et efficace. Peut-être parce que nous n’avons pas eu à négocier les emplacements des tendeurs avec les autres troupes.Non je plaisante. Une super équipe de Gardes qui peuvent faire ça les yeux fermés.
Un campement. Une cuisine de démonstration. Des fileuses. Une conteuse. Des biscuits cramés. Des pièces de monnaies frappées pour le plus grand plaisir des oreilles du caissier et de la sympathique équipe de radio qui etait présente.
Mais pas que!
Des combattants toujours affûtés et des archers qui partagent leurs connaissances avec les visiteurs.Le tableau était complet.
Fort heureusement, la pluie a eu la bienveillance d’attendre 17h avant de se manifester. Tout le monde a pu profiter de cette journée et ça n’a pas gâché les festivités.
Dès le lendemain, le démontage eu lieu et le casse-tête séchage dans la foulée. Casse-tête ? Le mot est faible. Beaucoup de bâches requièrent beaucoup de surface. Un agriculteur que nous avons déjà maintes fois sollicité nous aura sauvé la mise et permis de sécher notre matériel dans ses locaux. Avec une technique que la SUVA ne me permet pas de vous partager.
La présentation des Gardes en lice pour le tournoi continue. Cette semaine, Yannick nous explique ce que représente cette compétition qui se déroule tout près de chez lui.
Hérault: Salut Yannick. Comment te sens-tu alors qu’il reste moins de 3 mois de préparation avant le tournoi?
Yannick: Plutôt calme pour l’instant, avec un brin d’excitation quand même, c’est mon premier concours de tir à l’arc. Je ne sais pas encore trop à quoi m’attendre donc je vais me laisser porter et voir ce qu’il en ressort. J’arrive sans enjeux, pour le plaisir avant tout. J’ai pu déjà poser mes bases en entraînement l’année dernière en participant au tournoi du Faon. J’en tire un retour positif et c’est motivant pour la suite. Ca me conforte dans mon envie de m’aligner sur le pas de tir aux côtés des autres Gardes forts d’expériences et de rencontrer d’autres adeptes.
Hérault: Cette année le tournoi a lieu en Valais. C’est un peu ton terrain. Est-ce que cela change quelque chose pour toi?
Yannick: Habitant Lavey et travaillant à Evionnaz de ce côté-là en effet je ne serai pas dépaysé. J’aurais un peu de répit sur des aspects comme la logistique et je pourrais me donner à fond sur la compétition. Local de l’étape mais nouveau challenger, voilà qui peut donner une combinaison intéressante. Dans tous les cas je m’en réjouis. Ceci dit il me faudra encore quelques sessions d’entrainement en terre fribourgeoise pour être prêt.
Hérault: Mais du coup…. tu sais tirer dans des conditions de vent…. »Valaisan »?
Yannick: Ça c est trop tôt pour le dire. (Rire)
Hérault: Si tu devais convaincre quelqu’un qui ne connais pas le tournoi de venir y assister…. tu lui dirais quoi?
Yannick: En me basant avant tout sur la présence de mes compagnons Gardes (ne connaissant pas les autres intervenants), je sais que ce sera un beau moment de partage comme on sait bien le faire et à nul doute un bon moment de rigolade et de camaraderie.Et puis moi non plus j’y suis jamais allé et pourtant… je vais me retrouver a chasser le jaune du centre de la cible devant les autres alors hein pas d’excuses.
La Garde se rend en Valais le 15 septembre pour participer au Tournoi Du Grand Cerf Blanc et tenter de reconquérir son titre. Nous allons prendre la température de nos compétiteurs en commençant aujourd’hui par Kitty, qui va nous partager ses impressions et tenter de faire naître en vous l’envie de nous accompagner.
Hérault: Salut Kitty. Comment te sens-tu alors qu’il reste 3 mois de préparation avant le tournoi?
Kitty: Serein. Il s’agit tout simplement d’un tournoi où les retrouvailles amicales prônent en ce qui me concerne. Le reste est semblable à un jeu de société. Et donc, du partage.
Cela ne sous-entends pas donner peu d’importance au Grand Cerf Blanc, bien au contraire. Il en va de soit que comme pour tout dans la vie, il faut viser l’excellence (sans jeu de mots).
Hérault: Est-ce que tu t’es fixé des objectifs? Que ça soit sur le plan sportif ou bien personnel?
Kitty: Ma résolution de venir plus souvent au terrain d’entraînement de la Garde date depuis longtemps. Soyons honnête, c’est un « fumble » critique. Bien des obligations de la vie me rattrapent et me contraignent à devoir y renoncer. Cependant, il ne tient qu’à moi de changer mes habitudes pour y parvenir !
Ceci étant dit, je me souviens des tournois « à l’interne » durant lesquels je m’étais également jamais entraîné. Et pourtant, je suis arrivé sur le podium plus d’une fois, malgré la présence d’archers redoutables inscrits dans la même compétition.
J’espère que ce que je vais déclarer maintenant saura préserver au mieux mon humilité, mais dès que je saisi une épée ou un arc, il se passe toujours quelque chose d’unique…
Un instinct… de la magie… un héritage ancestral… vous pouvez appeler cela comme vous le souhaitez.
Hérault:Si tu devais convaincre quelqu’un qui ne connais pas le tournoi de venir y assister…. tu lui dirais quoi?
Kitty: Avec mon espadon, je peux convaincre n’importe qui à n’importe quoi !
Non, sérieusement. Pour quelqu’un qui est novice dans l’archerie, je l’inviterais à s’inscrire quand même, avec aucun objectif en tête. Si ce n’est de profiter de pouvoir décocher des flèches, entouré de passionnés. Et de pouvoir déguster une bonne cuisine !
Et pour les spectateurs… il existe la Fifa, la Formule 1… alors pourquoi pas assister au Tournoi du Grand Cerf Blanc ?
Surtout si c’est pour le partager avec des proches 🙂
« Les larmes sont une musique silencieuse qui expriment l’inexprimable. »
Khalil Gibran
Il est des histoires qu’il est plus aisé à conter que d’autres.
Il est des aventures qui se terminent moins bien qu’elles n’ont commencé et dont on revient moins nombreux qu’espéré.
La Batiaz est de celles-là.
Il était une fois une troupe de joyeux Gardes du Mont-Gibloux qui se mirent en tête d’aller à nouveau en Valais profond pour défier les vagues et les bourrasques de la Bâtiaz.
« On a survécu les deux dernières fois, on va pas se laisser effrayer! ».
Un matelot n’a jamais peur. Mais la témérité ne paye pas toujours.
Nous arrivâmes alors fringants et confiants à Martigny et sur sa noble colline pour planter notre campement. Derniers arrivés, il nous fallu comme première épreuve, effectuer un slalom géant entre les tendeurs et les piquets pour atteindre notre petit terrain. Petit?
« Ah ouais c’est petit » nous nous exclamâmes alors tous les uns après les autres. Il y’a de l’écho en Valais.
Qu’importe ! Montons notre chapiteau!
Ses 3 mâts, sa voilure, ses poteaux et ses murs… « ils sont bizarres les murs! »
Grand silence sur le pont.
« Je reviens » dit notre contremaître qui ne réapparu avec son second que 2 heures plus tard… avec les bons murs et ayant raté les 2 premiers apéros.
« Oh ça va, c’est pas bien grave. Elle est pas si terrible cette aventure »
Attendez, jeunes impatients. Ça vient.
La première soirée fût festive et douce. Elle nous posa les fondations d’un week-end de volupté et de satisfactions. La nuit nous mordit de froid, mais sans affaiblir notre détermination.
Une fois le matin levé, nulle ombre au tableau. Un défilé organisé aux petits oignons. (Sauf pour la police de Martigny qui avait été invitée 30 min trop tard.)
Le repas fut succulent et les Gardes du Mont-Gibloux plus pimpants que jamais à l’entame de ce week-end de pur bonheur.
Des combats, de la danse, de la déambulation, et… du vent.
Alors que l’on commençait à sentir le poids de la journée peser, le foehn décida de s’inviter à la fête. Et pas qu’à moitié.
Dès cet instant et jusqu’au cœur de la nuit, la vie de la Garde fut l’esclave des caprices de la houle.
Notre chapiteau fût durement touché à plusieurs reprises, et les efforts et l’ingéniosité des Gardes fût la seule chose qui l’empêcha d’être totalement couché par la tempête. Sans éviter hélas une cruelle déchirure.
Le moral et les heures de sommeils en furent lourdement affectés. Alors que l’après-midi durant, tous avaient âprement œuvré à consolider la structure, le branle-bas fût invoqué de trop nombreuses fois jusque tard dans la nuit.
Dès les premiers signes de bourrasques, les Gardes assoupis se levaient et la taverne se vidait pour que chacun puisse s’accrocher à un tendeur et … y croire.
Ce sont des Gardes à bout de force qui se retrouveront le matin autour du café d’Hugo et des croissants de Noël et ne pourront que se féliciter des énormes efforts consentis et du résultat conquis. Le chapiteau avait tenu.
C’est alors que vint la pluie.
Jamais très forte, jamais battante. Mais toujours présente. Comme chaque année. Comme un rhume des foins que l’on croyait oublié.
Le temps maussade décida quelques Gardes en manque de confort de faire fi du destin et de se rendre en ville pour goûter au doux réconfort d’un petit déj au chaud -et en costume !- dans un tea-room plein de clients interloqués.
Nous étions en train de reprendre du poil de la bête. Le repas s’approchait. C’est alors qu’une épreuve des plus dure affecta avec fracas l’ensemble de la Bâtiaz.
La musique se tût et les chants cessèrent. La nouvelle se répandit telle une sombre sentence. Un membre de cette grande famille, de cette grande fête, venait de s’éteindre.
Je n’ai pas les mots adéquats pour vous partager dans ce simple texte la vague d’émotion qui recouvrit la Batiaz durant les heures qui suivirent.
Certains le connaissaient. D’autres non. Mais tous ont ressenti à ce moment une perte terrible et des images qui ne disparaîtront pas.
Les secours diront que tout a été fait et que chacune des personnes qui est intervenue, quelle que soit son implication a été merveilleuse et n’aurait pu en faire davantage.
Piètre réconfort.
On avait tous envie d’arrêter à ce moment-là. Mais nous n’en avions pas le droit. Pas le droit parce que cela n’aurait pas fait honneur à ce camarade medieviste. Pas le droit car il y avait des enfants encore qui comptaient sur nous pour leur apporter de la joie.
C’est donc le cœur lourd mais la fougue entière que nous avons tout donné pour les dernières prestations de la journée. Comme si elles allaient les dernières de notre vie.
La fête s’est alors plus paisiblement achevée. Un nouvel accident sur la route nous fit remonter l’angoisse à peine retombée, mais fort heureusement les conséquences en furent moins douloureuses et les secours ramèneront avec eux un patient éprouvé mais sauf.
Je vais vous passer les détails de démontage et du rangement qui se passèrent au mieux et avec efficacité.
Je finirais cette histoire par un petit mot à destination de tout ceux que nous avons côtoyé durant ce week-end.
Nous avons traversé une tempête ensemble. Si notre équipage a la chance de revenir au complet, nous savons que ce n’est pas le cas de tous.
Nous aimerions ôter nos chapeaux et nos tricornes et les poser sur notre cœur pour vous chanter toute notre sympathie, à vous qui avez traversé ces moments cruels et douloureux. Nous aimerions poser une main appaisante sur l’épaule de chaque personne présente et qui rentrera chez elle avec le cœur blessé.
Nous aimerions aussi adresser de chaleureux remerciements aux organisateurs qui sont parvenu à garder le cap malgré toutes les épreuves.
Prenez soin de vous
« – Je ne croyais pas que ça finirait de cette manière.
– Finir ? Non, le voyage ne s’achève pas ici. La mort n’est qu’un autre chemin qu’il nous faut tous prendre. Le rideau de pluie grisâtre de ce monde s’ouvrira et tous sera brillant comme l’argent. Alors vous les verrez…
– Quoi Gandalf ? Voir quoi ?
– Les rivages blancs et au delà, la lointaine contrée verdoyante sous un fugace levé de soleil.
– Alors… ça ne va pas si mal ?
– Non, en effet. »
Le Seigneur des anneaux : le retour du roi, Pippin et Gandalf.
Marc Chassot est le Président de la Fédération du Grand Cerf Blanc, qui supervise l’organisation du Tournoi du même nom qui a lieu tous les ans. Mais c’est aussi et surtout un membre de la Garde et notre Maréchal de Tir à l’Arc. Dans ce « bref » article, il va nous partager sa vision du tir et de la transmission de ses connaissances.
« Je suis actuellement responsable du tir à l’arc médiéval dans le cadre de la Garde du Mont-Gibloux. Cette position est très intéressante et très enrichissante pour moi, elle me permet d’apprendre de nouvelles choses à chaque session de tir.
Bien sûr il y a les aspects logistiques à gérer (un grand merci à Hugo pour son aide précieuse) mais ce qui me plait le plus c’est de devoir comprendre autant la technique de tir que la manière de la transmettre aux autres pour qu’elle soit bien comprise.
Si on prend 5 minutes pour chercher, on trouve assez facilement des informations sur des sites internet décrivant la technique de tir en X étapes avec des explications très pointues et détaillées concernant les différents paramètres et positions. On pourrait simplement les mettre à disposition des tireurs et leur dire « article 22 : démerdes toi comme tu peux » mais si c’était si facile, on aurait déjà 4000 troupes de tir à l’arc médiéval rien que sur le canton de Fribourg.
Pourquoi ça ne fonctionne pas comme ça ? Parce que nous sommes des enfants, nous aimons jouer, nous aimons tester les choses, comprendre par nous-même, adapter nos techniques sur la base de constations que nous avons faites par nous-mêmes. Est-ce qu’une énigme est intéressante si on a la solution dès le début ? Non, ce qui est intéressant c’est d’essayer de la trouver nous-mêmes, avec peu voire pas d’indices et si possible mieux ou plus vite que les autres.
Fort de cette constatation, quand j’accompagne quelqu’un dans la pratique du tir à l’arc, j’essaie de ne pas lui communiquer d’informations qu’il n’a pas sollicitées ou dont il n’a pas (encore) besoin. Ce qui est important c’est de savoir doser l’interventionnisme.
Entre – tiens ton arc, vas te blesser tout seul dans la forêt – et – on va débuter ce séminaire de 15 jours de théorie sur le tir à l’arc- il y a largement plus que 50 nuances de pédagogie.
Pour quelqu’un qui n’a jamais tiré à l’arc, on va commencer par mettre en place les contraintes minimales pour assurer la sécurité avec quelques explications simples du style : « on garde toujours les flèches en direction de la cible », « si on ne tire pas, on reste derrière le tireur ou la ligne de tir », « en cas de doute, on s’arrête et on demande ». Puis on vérifie passivement ce que la personne fait et on n’intervient que s’il y a risque de blessure ou de grosse casse matérielle. Il ne faut pas considérer le fait de casser une flèche comme une casse matériel. Casser une flèche c’est payer le prix du savoir et de l’expérience. Il faut le conceptualiser comme le prix d’un ticket de cinéma, c’est un moyen, pas un but en soi. Bon après une séance de tir, ne jetez quand même pas vos flèches et dans tous les cas, ne dites pas que c’était mon idée !
Le plus important et le plus difficile quand on accompagne un tireur, c’est d’identifier ce dont il a besoin juste maintenant comme information pour avancer. Qu’est-ce qui est réellement déterminant maintenant pour obtenir une amélioration mesurable du plaisir ressenti par la personne dans le cadre de l’activité de tir à l’arc.
Pour répondre à cette question, il faut d’abord comprendre la personne qui tir à l’arc. On pourrait être tenté de prodiguer des conseils pour que la personne améliore son score ou le groupage de ses flèches mais ce n’est pas forcément ce que la personne recherche en priorité. Pour commencer il faut donc s’intéresser à la démarche de la personne et à ses buts. On a peut-être à faire à une personne à qui un médecin a recommandé la pratique d’un sport pour rester en forme. Dans ce cas, une optimisation de la position devra passer avant l’optimisation du score.
Pour identifier les réels buts des tireurs, on va appliquer la méthode que j’appelle affectueusement « ferme ta gueule et écoute » parce que c’est évident qu’en parlant, vous n’allez rien apprendre. Vous savez déjà tout ce que vous savez, le redire une Xième fois à haute voix sans connaitre le contexte ne va pas faire avancer la situation mais aura seulement tendance à saouler les gens. Donc on écoute, pour de vrai, pas juste pour trouver comment rebondir pour impressionner les autres. On évite autant que possible les phrases qui commences par «Moi, je… »
Parfois, il n’y a rien à écouter ou à analyser, la personne passe un bon moment, découvre l’activité par elle-même, à son rythme. Si c’est le cas, n’allez surtout pas l’interrompre.
La plupart du temps après avoir tiré quelques dizaines de flèches, les gens vont spontanément venir vers vous avec une question concrète mais pas forcément formulée de manière « optimale » et c’est là que vos capacités de traducteur vont être mises à contribution. Voici quelques exemples :
« Mes flèches partent dans toutes les directions » = « Est-ce que tu peux me donner des bases pour obtenir une meilleure maitrise ?»
« Mes flèches partent toutes à gauche » = « Est-ce que tu peux me dire s’il y a quelque chose de faux dans ma technique »
Au passage on remarquera le côté « externalisation de la responsabilité » dans les phrases à traduire. En plaisantant j’aime bien dire et redire : « quand on est mauvais, on peut toujours accuser le matériel » et parfois je le fais également, sans m’en rendre compte !
Comment procéder maintenant que
1) Vous avez compris le but de la personne
2) Vous l’avez observée en train de tirer
3) Elle est venue vous voir pour vous demander de l’aide
Il faut dresser une liste mentale des détails que vous avez remarqué durant l’observation et qui selon vous font que la personne s’éloigne du « tir parfait ». Ensuite il faut les classifier en ordre décroissant d’importance et échafauder un plan en X étapes, clair et compréhensible pour corriger ces « défauts » et arriver en suivant une processus logique et itératif, à améliorer notablement la technique de tir de la personne.
Et pour faire ça, j’ai combien de temps ? Pas plus de 4 secondes, au risque de passer pour quelqu’un de mentalement lent dont on ne va pas suivre les conseils !!!?
Voilà, le cœur du problème est clairement identifié. Il ne reste plus qu’à le résoudre. Bien évidement vous aurez compris que l’entrainement, la pratique, l’expérience, l’échange actif avec les autres tireurs, tout ça fait que la tâche sera de moins en moins ardue et qu’à la fin, elle vous semblera peut-être même « facile » (ouais dans 500 ans peut-être).
Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est qu’il n’y a qu’une seule et unique technique qui fonctionnera tout le temps à coup sûr : écouter, chercher à identifier ce qui est déterminant, ce qui va être bien compris, ce qui sera accepté, s’adapter à la personne qu’on a en face de soi et se remettre en question autant que possible.
Parmi les gens qui vont venir tirer à l’arc avec vous, il y aura des profils différents : des scientifiques, des intuitifs, des émotifs … c’est réellement important d’adapter son discours pour chacun.
Au scientifique, on dira : « le départ de la flèche devra être aussi calme que possible, sinon la corde aura un mouvement de précession et transmettra une force biaisée à la flèche dont le vol sera turbulent avec les conséquences y attenantes en termes de précision et de groupage. »
A l’émotif on dira. « La flèche doit être un prolongement énergétique de ton bras et de ta volonté d’atteindre la cible, ferme les yeux, pense à ça, visualise-le, ne pense plus, le reste se fera tout seul »
Maintenant essayez d’inverser les 2 récipiendaires de ces conseils et FUYEZ PAUVRES FOUS !!! »