Horizon – Relier l’Histoire aux Sommets

« Quand la Montagne porte son manteau de nuages, le téléphérique n’est qu’une corde suspendue entre l’âme et la gravité, un pont de silence entre le ciel et la terre » Alaric de Valespierre, Philosophe et Alpiniste

Certaines mauvaises nouvelles peuvent parfois amener d’heureux dénouements.

Vous le savez peut-être : le mythique funiculaire de Fribourg est l’un des tout derniers au monde à fonctionner aux eaux usées, et ce depuis 1899. Mais malheureusement, les Transports publics fribourgeois, exploitants de l’installation, sont confrontés de plus en plus souvent à des pannes d’envergure qui entravent son fonctionnement. Le système à contrepoids devient difficile à entretenir, et encore plus à réparer.

Suite à une annonce déjà faite en 2023, les Fribourgeois se sont résignés à devoir renoncer progressivement à pouvoir circuler dans les mythiques cabines. Attristé·e·s par cette nouvelle, un comité d’urgence, composé de représentants de diverses communes fribourgeoises et d’associations œuvrant pour la valorisation de l’histoire cantonale, a mis en place des groupes de travail pour évaluer dans quelle mesure il serait possible de préserver l’aspect historique de l’installation et de perpétuer son exploitation malgré les difficultés rencontrées.

Si plusieurs projets ont été imaginés, un seul aura su rassembler les différents acteurs impliqués ainsi que les généreux sponsors du projet. La Garde du Mont-Gibloux, ayant été invitée à la table des discussions en qualité d’acteur majeur des événements historiques, va même pouvoir y apporter sa contribution.

C’est donc avec un plaisir non contenu que nous allons pouvoir vous en dévoiler les grandes lignes.

À la fin de la saison d’été 2025, les installations du funiculaire seront intégralement démontées. Elles feront l’objet d’un convoi exceptionnel d’une taille monumentale — une chose inédite dans notre canton depuis l’achèvement du pont de la Poya. Les différents éléments seront acheminés vers Sorens, où débutera le chantier du siècle pour le Mont-Gibloux.

Le funiculaire va en effet être installé sur la face sud du Mont-Gibloux, où il reliera Vuippens au sommet, avec une station intermédiaire à Sorens. Un prolongement exceptionnel des voies devra être envisagé pour ce qui sera alors le plus long funiculaire du monde, surpassant le Niesenbahn et ses 3499 m. En effet, ce nouveau tracé totalisera 3800 m et présentera certains défis impressionnants.

L’inclinaison des cabines devra être revue pour s’adapter au dénivelé, bien différent de celui de la vieille ville de Fribourg. Ce travail sera effectué sur place par des artisans de la région et les TPF, dans un atelier construit pour l’occasion à Sorens, dans le quartier dit « Sur la Scie ». Cette tâche devrait durer jusqu’à la fin de l’hiver.

D’autre part, comme vous vous en doutez, il est impossible d’envisager un système de contrepoids — et encore moins une alimentation en eaux usées — pour une telle distance. C’est là que la Garde du Mont-Gibloux entre en jeu. Le groupe artisanat de la Garde va superviser la construction d’une roue de carrier d’une dimension hors norme au sommet du Gibloux : elle fera 28 mètres de diamètre et pèsera près de 4 tonnes. Elle sera renforcée par des structures en métal permettant de supporter le câblage démesuré nécessaire pour faire fonctionner le funiculaire.

Cette roue sera actionnée par pas moins de 21 personnes, qui seront à pied d’œuvre plusieurs heures par jour pour assurer l’accès au Gibloux à tous ceux qui le souhaitent. Ces personnes seront fournies en partie par les associations locales, les clubs sportifs, mais aussi les offices régionaux de placement. Plusieurs places de travail seront créées par ce projet, mais le bénévolat sera privilégié afin de maintenir le prix des billets aussi accessible que possible.

Le funiculaire sera fonctionnel dès le mois de juin 2027, ce qui en fera un chantier mené avec un timing record, au vu de son ampleur titanesque.

Jean-Claude Genoud, délégué du service cantonal de la mobilité mécanique s’en rejouit:

Jean-Claude Genoud

« En plus d’offrir un nouvel élément unique à notre paysage cantonal, ce projet a l’immense avantage de préserver le patrimoine de la ville de Fribourg tout en étant en adéquation avec notre besoin de nouvelles installations de transport pour nos visiteurs et nos citoyens. Et ceci entièrement sur des fonds privés. Nous ne pouvions laisser passer cette chance. »

La Garde, et tout particulièrement le responsable de son groupe artisanat, se réjouissent de pouvoir marquer avec autant de force l’histoire du Gibloux et de notre région.

Nous espérons pouvoir compter sur vous et sur votre soutien pour mener à terme ce projet merveilleux.